vendredi 17 décembre 2010

25 semaines et un air de beuh

«J'ai d'lair d'un mass murder.»

Ça faisait déjà un bout que je me disais que je devrais écrire un blog pour raconter mes péripéties de retraitée par prévention / travailleur autonome. Mais je finissais toujours par me convaincre que j'avais pas vraiment le temps, ni vraiment quelque chose à raconter, ni envie d'être la 15e Caroline Allard...

Mais ça c'était avant le grand moment. 
Je parle du moment le plus intense, profond et sincère qu'on puisse rencontrer pendant la grossesse. Celui où on se dit: «Pfff y'a rien là, m'a passer au travers!» ou encore «Non, non, moi je vis bien ça». Celui où notre tendre moitié nous découvre une moitié pas si tendre que ça, où il se sent complètement idiot à nous regarder aller et où on a envie de lui dire qu'il serait plus utile s'il fermait sa gueule au lieu d'essayer de nous faire croire qu'on est aussi mystique que la Sainte Vierge.

Vous savez, ce moment-là? Tsé là, le moment du GRAND RUSH D'HORMONES !

Pour celles qui doutent encore de son existence, laissez-moi vous raconter ma soirée d'hier...
MISE EN CONTEXTE:
Ça fait deux jours que je regarde des épisodes de Quand passe la cigogne en rafale et que je pleure en me disant qu'ils sont beaux les bébés, mais que sacrament que ça pas l'air à faire du bien quand ça passe. Ça fait aussi deux jours que je me réveille en pleine nuit, parce que je rêve que j'accouche en avance pis qu'on me rentre des stéthoscopes dans le vagin (Oui, oui, je rêve à ça...), pis ça fait trois semaines que j'ai un poing dans l'estomac dont j'ignore l'origine.
Hier soir, 19h30.
Nous sommes en route, ma tendre moitié et moi, pour le Walmart (chic magasin familial de classe moyenne) dans le but d'aller chercher un lit de bébé que nous attendons depuis 1 mois. Nous aurions dû être en route bien avant ça, mais je m'étais booké, dans ma folie hormonale, deux réunions entre 16h00 et 18h30, ainsi que le désir insatiable de transférer les photos de l'échographie sur ma clé USB, afin de m'assurer qu'on puisse les imprimer rendu à destination.

Nous arrivons donc au Walmart un peu avant les 20 heures. Dans le stationnement, mon chéri me suggère de me laisser devant l'entrée du magasin...

-Débarque, j'vas parker le char pis aller te rejoindre dans le coin des photos.
-MAIS J'SAIS PAS Y'É OÙ, MOI, LE COIN DES PHOTOS !
-Les nerfs, il est juste en rentrant.
-Okay, ben j'vas t'attendre dans l'entrée d'abord.
-Non, commence à les faire imprimer sans moi, on n'a pas beaucoup de temps.
-MAIS JE LE SAIS PAS COMMENT À MARCHE LA MACHINE, MOI ! J'AI JAMAIS FAIT ÇA !
-Voyons, t'es intelligente, t'as juste à lire ce qui est écrit.

À cette réplique coup de poing, je ne sais quoi répondre et me contente de soupirer. J'entre donc dans le magasin et me dirige au Centre de la photo qui, effectivement, est juste dans l'entrée. La machine est bel et bien simple à faire fonctionner, mais je suis un peu déçu de voir que ma clé USB n'a pas enregistrée toutes les photos que j'avais besoin.

-AH TABARNAK !
-Qu'est-ce qui a, ma puce?
-Ah t'es déjà revenu. Non, c'est juste qu'il me manque des photos lààà.....
-Bon, pis si tu pèse là-dessus?
-NON! LÀ TU VIENS DE SÉLECTIONNER UN MONTAGE QUÉTAINE DE TOUTES MES PHOTOS! CALISSS...
-S'cuse moi, tiens je l'ai supprimé.
-Bon. Là j'fais quoi? J'vas payer?
-Ben oui.
-MAIS J'AI FAIM PIS Y'A PLEIN DE MONDE DANS' FILE !
-Quoi? T'as pas soupé?
-BEN NON !
-Comment ça?
-J'AI PAS EU LE TEMPS !
-Ouin, mais t'as dit que tu mangerais à la brulerie pendant ta deuxième réunion.
-JE LE SAIS, MAIS RENDU LÀ LES SANDWICHS AVAIENT PAS L'AIR BON !
-Okay, ben va te chercher de quoi au McDo, je vas payer pour toi.
-Merci.

Mon appétit d'ogre et moi se rendons donc au McDo situé juste à côté du Centre de la photo. La file d'attente y est d'une longueur moyenne pour un jeudi soir du mois de décembre, mais elle me semble IN-TER-MI-NA-BLE. Il y a trois caisses d'ouvertes, mais je ne sais pourquoi, je suis allée me foutre devant la plus achalandée. C'est long... C'est long... C'est long... Et là, au moment où je pense que l'employée va prendre ma commande, il y a un petit handicapé qui se présente devant moi avec son verre de liqueur vide et qui demande un remplissage. Je suis hors de moi ! J'ai à peine le temps de soupirer très fort que mon amour arrive derrière moi et m'adresse ces quelques paroles...

-Eee... Ma belle?
-QUOI?
-Devine.
-Les photos ont mal sorties?
-Nonon, juste que...
-QUOI?
-On n'est pas dans le bon Walmart, c'est à celui de Ste-Foy qu'on a réservé le lit.
-TU-ME-NIAISES?

Tout le monde dans le McDo se retourne vers moi.

-Non, je te niaise pas.
-Bon ben j'vas prendre mon lunch pour apporter.
-Nonon, mange le ici, je vas aller chercher le lit pis revenir tout de suite après, de toute façon on doit aller au Archambault à côté.
-Bon, okay.

Je reçoit finalement mon trio BigMac que j'avale en cinq minutes. Il est 20h10. Je me dis que mon chum ne reviendra pas tout de suite, que j'aurais le temps de me promener dans les rayons, mais comme je magasine très rarement chez Walmart, je ne sais pas trop par où aller ni ce qu'il y a d'intéressant à acheter mis à part des meubles pour enfants qui coutent moins cher qu'ailleurs. Et d'un coup qu'il revient plus vite que prévu et qu'il me cherche. S'il perd son temps à me chercher dans le Walmart, on ne pourra jamais aller au Archambault avant que ça ferme. Je reste donc assise à ma table de McDo et j'observe les familles de classe moyenne qui traînent dans le coin.

COMME C'EST DÉPRIMANT. Je regarde par la fenêtre qui donne sur le stationnement et je verse une larme, et puis deux, et puis trois...

Il est 20h30. Ça fait vingt minutes que mon chum est parti. Je commence à réaliser que je peux oublier mon petit tour au Archambault et que je suis en train de passer mon jeudi soir toute seule dans un McDo de Walmart... Je suis pathétique.

20h55, pas de conjoint à l'horizon. Je me rend vers la porte d'entrée en prenant bien soin de ne pas dire au petit garçon qui marche devant moi qu'il vient d'échapper sa mitaine par terre. «Y'avait juste à pas s'énarver».

20h58, j'aperçois notre Kia Rio. J'entre à l'intérieur et mon chum est en osti.

-On n'a même pas le litte !
-QUOI!?! COMMENT ÇA?!
-Ils l'ont pas trouvé dans l'entrepôt.
-CALISSS....
-Pleure pas ma puce, pleure pas. Je vas te faire un massage rendu à' maison.